Chroniques d'un passionné / Toyota Camry 2021 XLE AWD : ben oui, ça existe!

Toyota Camry 2021 XLE AWD : ben oui, ça existe!

Ça ne date pas d’hier, une Toyota Camry au rouage intégral. En effet, le modèle s’est vu attribuer cette caractéristique au courant de l’année 1988, alors que la course de type « rallye » était à son apogée de popularité. Des berlines au rouage intégral, on en retrouvait à tous les coins de rue à cette époque. En fait, à l’époque, des berlines tout court, c’est ce qui prédominait dans l’industrie automobile au grand complet. La question que tout le monde se pose ici, par contre, c’est pourquoi offrir une version au rouage intégrale chez une berline comme la Camry, aujourd’hui, dans une ère dominée de la tête aux pieds par des VUS?

Afin de répondre à cette question qui semble sans issue, on se doit d’observer les deux côtés de la médaille, soit le point de vue du consommateur et celui du constructeur.

Le consommateur

Avant de s’embarquer dans une réflexion sans queue ni tête sur le pourquoi de ce qui clôt notre introduction, parlons-en, de cette Camry à l’essai cette semaine.

Disponible en pas moins de 15 configurations différentes, il y en a sincèrement pour tous les goûts. La nôtre se voulait une déclinaison XLE, qui se situe tout au sommet de cet éventail de versions disponibles. Sièges en cuir, système de son JBL, avertisseurs d’angles morts, régulateur de vitesse intelligent et autres « cossins » technologiques sont répandus dans tout l’habitacle, alors que le look extérieur est bonifié par l’ajout de jantes plus costaudes et stylisées que ce que l’on retrouve sur les versions de bases. Bien que cette berline soit en retard sur le reste de l’industrie en ce qui a trait aux dernières technologies, sa vocation première n’en est pas du tout affectée. Ergonomie, fonctionnalité et fiabilité, c’est qui prône ici. Après tout, il est difficile de se plaindre lorsqu’on ne fait jamais aucune réparation sur notre véhicule, lorsqu’on ne se perd pas dans une cohésion de boutons ou de menus ou encore lorsqu’on ne consomme pas tellement plus d’essence qu’une Toyota Yaris. C’est d’ailleurs ce qui explique en partie la si grande popularité des berlines Toyota.

Maintenant, si on porte une attention particulière aux ventes de Toyota par modèle, on remarque que la Camry se veut le 2e véhicule le plus vendu chez Toyota et Lexus aux États-Unis et ce, toutes catégories confondues; ce n’est pas moins de 337,000 unités qui ont trouvé preneur pour l’année 2019. On comprend ainsi rapidement que l’engouement pour la berline est encore tout à fait présent chez nos voisins du sud et que Toyota entend continuer de la commercialiser sous différentes itérations. Naturellement, le marché canadien bénéficie souvent des changements apportés par les manufacturiers chez nos voisins américains, et encore plus lorsqu’on parle de rouage intégral.

On s’assure par le fait même de remplir le fourneau en offrant un rouage intégral à chacun des précieux acheteurs mentionnés ci-haut. Au coût de 1,800$, Toyota vous offre la chance de repartir avec une berline intermédiaire qui s’assurera de faire une meilleure job en hiver que n’importe quel ensemble de pneus d’hiver au pictogramme à 3 sommets. Bien que la période de l’année durant laquelle nous avons réalisé notre essai ne nous a pas permis de témoigner de l’efficacité du rouage intégral, on sait que le mécanisme est directement emprunté d’un RAV4 qui lui a définitivement fait ses preuves en hiver.

Ce qu’on peut conclure ici, c’est que parmi les acheteurs de Camry qui occupent le nord des États-Unis ainsi que le Canada, beaucoup d’entre eux vont se retrouver à opter pour ce rouage intégral. Après tout, il ne s’agit que d’une autre raison valable pour laquelle choisir cette berline. Qui sait, peut-être que Toyota réussira même à convaincre certains d’entre vous de ne pas faire le changement vers un VUS!

Le manufacturier

Il est facile de comprendre que le consommateur à tout a gagné ici : on lui offre le rouage intégral pour un supplément d’à peine 1,800$ en lui offrant toujours et encore une promesse de paix d’esprit pour la décennie à venir. Quel avantage en retire Toyota, par contre? Il semble que c’est plutôt eux qui soient morts de rire ici.

La Camry qui foule nos routes nord-américaines est fabriquée dans l’usine Toyota Motor Manufactuing Kentucky depuis 1988: ainsi, avec 33 ans d’expérience derrière la cravate, on comprend que le coût de fabrication d’une Camry est très faible par rapport à un modèle plus récent comme le C-HR ou encore le Venza. Les techniques d’assemblage sont maitrisées, les lignes de production sont optimisées à leur plein potentiel et la chaîne d’approvisionnement est d’une féroce stabilité (outre en contexte de pandémie, bien sûr!). L’ajout d’un rouage intégral pour certaines versions de la Camry ne représente donc qu’un minime effort, mais il permet en revanche d’accaparer une certaine part de marché en ne déployant que très peu de moyens.

Cela représente ainsi une stratégie différente de celle qui semble être adoptée par tous les manufacturiers depuis quelques années : commercialiser un tout nouveau VUS compact ou sous-compact, même si ça peut s’avérer très fructueux, c’est très coûteux, très risqué et très demandant. À l’inverse, offrir l’élément clé d’un VUS, soit son rouage intégral, à un produit qui existe depuis déjà plusieurs décennies comme la Camry, c’est peu coûteux, ça s’exécute rapidement et si ça se transforme en flop, ce n’est pas dramatique.

Qu’est-ce qu’on en pense, de l’auto?

Bien que l’on attend avec impatience la mise en plis que Toyota se doit d’appliquer à la Camry actuelle, le produit que nous avons mis à l’essai est presque sans reproche. Son comportement routier est rafraichissant par rapport à celui de la plupart des VUS qui foule nos routes, son style est avant-garde tout en étant discret, alors que son système de rouage intégral ajoute une petite touche « yessir » quand le mois de janvier frappe à nos portes. Sinon, malgré le poids supplémentaire (environ 165 livres) qu’apporte ce système, la consommation de carburant et le comportement routier n’en sont que très peu affectés. L’espace qu’offre l’habitacle est quant à lui amplement suffisant, tellement que l’on se demande s’il est réellement nécessaire d’opter pour un VUS compact « afin d’avoir plus d’espace ».

Au final, il s’agit d’un véhicule dans lequel il est agréable de passer du temps, qui est agréable à conduire, qui ne vous donnera jamais de maux de tête et qui s’assurera de vous amener du point A au point B de manière encore plus sécuritaire qu’auparavant grâce à son rouage intégral.

Vraiment, rares se font les occasions où tout le monde sort gagnant-gagnant de la transaction qui découle de l’achat d’un véhicule. Ici, par contre, ne vous posez même pas de questions : vous gagnerez à coup sûr.