Chroniques d'un passionné / Lincoln Navigator 2022 : l’art de s’asseoir sur ses lauriers

Lincoln Navigator 2022 : l’art de s’asseoir sur ses lauriers

Cela fait maintenant six ans que l’actuelle génération du Lincoln Navigator emprunte les routes de l’Amérique du Nord. En 2018, lorsque cette quatrième génération est apparue sur notre marché, la compétition dans ce segment se faisait beaucoup moins ressentir qu’à présent. À l’époque, le Cadillac Escalade de nouvelle génération était déjà commercialisé depuis trois ans, et le Jeep Grand Wagoneer n’était même pas dans le stade de planification. Cela permettait jadis au Navigator de régner seul au sommet, et depuis ce temps, on ressent que la marque n’a plus le pied sur l’accélérateur, alors que le costaud VUS semble s’asseoir sur ses lauriers.

Mécanique toujours pertinente… dans le segment

On croirait de prime à bord que le mastodonte qu’est le Lincoln Navigator se verrait affecter une motorisation tout aussi costaude. Par contre, ce n’est pas seulement le look qui fut modernisé à l’arrivée de la nouvelle génération du VUS (2018), puisque son moteur a lui aussi été sérieusement modernisé. Effectivement, on retrouve sous le capot du Navigator un engin à six cylindres de type Ecoboost. Ce dernier, de 3,5 litres de cylindrée, produit 440 chevaux et 510 livres-pieds de couple.
La consommation de carburant a fortement été réduite par rapport à celle de l’engin à huit cylindres que l’on retrouvait avant la modernisation du Navigator, soit en 2017. Aujourd’hui, on peut noter une consommation de carburant moyenne de 15,2 L/100 km, ce qui, en comparaison à la consommation de ses compétiteurs, n’est pas mal du tout (Cadillac Escalde : 16,3 L/100 km, Infiniti QX80 : 17,5 L/100 km, Jeep Grand Wagoneer : 18,6 L/100 km).

En revanche, aujourd’hui, pratiquement six ans après le lancement du Navigator de nouvelle génération, sa motorisation commence à présenter des lacunes. Le gros bémol est l’absence totale d’électrification de la motorisation, alors que bien des membres de la compétition, eux, en offrent. Pensons aux Jeep Wagoneer (moteur Hurricane), Mercedes GLS et BMW X7 LCI qui incorporent tous une motorisation hybride légère.

Pour le reste de la mécanique, on ne peut rien noter de très révolutionnaire non plus. On a droit à un rouage intégral, une transmission automatique à 10 rapports (très efficace, notons-le) ainsi qu’à une plateforme de Ford F-150. Ainsi, dans la catégorie des VUS pleine grandeur de luxe, rares se font les bolides soucieux de l’environnement, mais afin de rester pertinent, il serait temps que le Navigator rajeunisse sa motorisation en offrant des alternatives électrifiées.

Le confort avant tout

Là ne repose cependant pas la vocation de ce type de véhicule; on cherche rarement à économiser à la pompe avec un VUS pleine grandeur de luxe. Ce que l’on recherche, plutôt, c’est une surabondance de luxe ainsi qu’un confort maximal, et à ce niveau, le Navigator en met plein la vue.

Il faut tout d’abord noter qu’un très léger rajeunissement a été effectué chez ce véhicule pour l’année modèle 2022. On a redessiné les phares avant et arrière, bonifié la taille de l’écran du système d’infodivertissement et incorporé la technologie Active Glide, qui permet une conduite semi-autonome. Vous l’aurez donc deviné, on a essentiellement à faire au même véhicule qu’en 2018.

Ce n’est en revanche pas une mauvaise chose, puisque l’habitacle de ce Navigator est ô combien charmant. Les sièges avant sont ajustables en 30 points en plus d’être équipés d’une fonctionnalité de massage, alors que les sièges capitaines de la seconde rangée sont chauffants, ventilés et comportent aussi une fonctionnalité de massage. Puis, chaque surface qui entre en contact avec la peau est enduite de cuir, de métal ou de plastique de très haut grade.

L’insonorisation de la cabine est sinon plus que réussie, alors qu’on n’est rarement contrarié par les bruits qui proviennent de l’extérieur. La suspension offre quant à elle un niveau de confort absolu, et le comportement de la direction est sans reproche. On se sent essentiellement à bord d’une grosse barge, très luxueuse, assez rapide et surtout, très onéreuse. Effectivement, un véhicule qui en offre autant se voit rarement attribuer l’étiquette d’aubaine, et le Navigator ne fait pas exception à cette règle. Plus précisément, 123 445$ en sont demandés.

Encore au sommet?

Le Lincoln Navigator régnait très clairement au sommet lors de l’arrivée de sa nouvelle génération, en 2018, jusqu’en 2021, alors que la nouvelle génération du Cadillac Escalade cognait à nos portes, et que le Jeep Grand Wagoneer arrivait quelques mois plus tard. Depuis, le Navigator traîne effectivement de la patte, sans pourtant être un véhicule de calibre inférieur.

Qui plus est, le Navigator partage un trop grand nombre d’éléments stylistiques, technologiques et mécaniques avec le second en grade des VUS de Lincoln, soit l’Aviator. L’habitacle est essentiellement identique, les technologies disponibles aussi, et la mécanique, bien que différente, permet tout de même au bolide d’offrir 400 chevaux, soit 60 de moins que sa contrepartie qu’est le Navigator. Puis, pour couronner le tout, la version la plus équipée du Aviator est en vente au prix de 94 295$, soit près de 30 000$ de moins que le Navigator à l’essai.