Chroniques d'un passionné / Infiniti QX80 2022: Plus grand que nature

Infiniti QX80 2022: Plus grand que nature

Ce n’est pas un secret, la marque Infiniti a connu de meilleurs jours. Toujours sans modèle électrique, Infiniti tire de la patte sur bien des flancs; si bien que la marque a retiré ses opérations dans toute l’Europe de l’Ouest (France, Angleterre, Allemagne, Suisse et autres). Son objectif? Se concentrer sur ses marchés plus à succès comme l’Amérique du Nord et la Chine.

Un modèle retient par contre l’attention depuis bien longtemps : son format plus grand que nature, sa mécanique archaïque ou simplement son caractère démesuré sont tous des éléments qui savent en charmer plus d’un, ou en déplaire plus d’un. On parle ici du QX80, et nous l’avons mis à l’essai pour le mieux et pour le pire.

Pas le plus timide!

Rien de ce véhicule ne laisse croire que l’on a affaire à un « papa bear », comme le veut l’expression anglaise. C’est plutôt une attitude in-your-face qui se dégage du QX80, et pour certains d’entre nous, c’est tant mieux.

En termes de taille, on parle ici d’un bolide qui s’apparente aux VUS pleine grandeur que l’on retrouve chez General Motors : Chevrolet Tahoe/Suburban, GMC Yukon ou même Cadillac Escalade. Les photos parlent d’elles-mêmes : voyez comment les proportions du véhicule sont simplement surdimensionnées. Jantes de 22 pouces, moteur V8 atmosphérique de 5.6L qui développe 400 chevaux, capacité de 7 ou 8 passagers en fonction de la configuration choisie, 8,500 livres de capacité de remorquage et un prix de 95,000$; en voilà, des mesures de grandeur.

Le V8 atmosphérique de 5.6 litres se veut d’ailleurs l’aspect central de la mécanique du QX80. Les 400 chevaux qu’il développe permettent à ce mastodonte de 7,300 livres de se déplacer de 0 à 100km/h en un temps d’à peine 5.9 secondes. Naturellement, la consommation d’essence n’est pas digne de mention, ou plutôt elle l’est, mais pas pour les bonnes raisons. Par contre, la transmission automatique à 7 rapports n’est surprenamment pas du tout à blâmer pour la piètre consommation d’essence de 18.5L/100km que l’on a observé durant notre semaine d’essai. Au contraire, son comportement est très surprenant : à la fois capable de se débrouiller avec les pieds lourds de ce monde et d’offrir un grand confort aux occupants du véhicule lorsque les choses sont plus calmes, son caractère versatile la démarque de la compétition.

Costaud, mais élégant

Un reproche que l’on peut facilement faire à la gamme de gros VUS américain, c’est souvent qu’ils manquent de classe. Les Chevrolet Tahoe/Suburban ou encore GMC Yukon manquent souvent d’âme d’un point de vue style : silhouette carrée, phares carrés, ou encore sièges carrés, le but premier du design de ces véhicules est de choquer les yeux qui se posent sur eux, plutôt que de tendre le gant blanc pour ensuite les choquer, comme le fait notre QX80.

À cheval entre le luxe des Allemands et l’opulence des Américains, le plus dispendieux véhicule de la gamme d’Infiniti se positionne ainsi de manière assez unique. Aussi inatteignable que le reste du lot (autour de 95,000$), il se veut pour ceux qui en ont les moyens une alternative très intéressante.

On note tout d’abord un habitacle rafraîchit pour 2022, qui comporte désormais un système d’infodivertissement au goût du jour et un écran tactile de 12 pouces très ergonome. À l’inverse de beaucoup de constructeurs, on conserve les boutons physiques pour la climatisation, alors que les commandes multimédia sur le volant sont très intuitives et faciles à opérer. Le panneau d’instrumentation date toujours de la génération précédente, qui peut paraitre un peu arriéré pour certains, mais qui en apaise d’autres, pour qui le présence d’un trop grand nombre d’écrans peut s’avérer fatiguant. Les sièges capitaines à l’arrières ajoutent quant à eux un aspect d’autant plus luxueux au QX80, en offrant une allure qui se rapproche plus du type « limousine » que du type gros VUS. La présence d’écrans tactiles pour le divertissement des occupants arrières est d’ailleurs très bien accueillie, même si son fonctionnement n’est pas aussi intuitif que la compétition.

Et l’agilité, elle?

Les « bodybuilder » de ce monde ne sont pas reconnus pour être très agiles, et malheureusement notre modèle d’essai ne fait pas exception à cette règle. Son comportement routier est comparable à celui d’un autobus (un puissant autobus, notons), et ses racines japonaises ne lui sont de toute évidence d’aucune aide lors de la prise de virage.

La direction est sans âme et la suspension n’est pas du tout calibrée pour la prise de virage à plus haute vitesse. Par contre, tels le veulent les quadriceps d’un « bodybuilder », lorsque le temps de soulever de lourdes charges arrivent, ils ne déçoivent pas; idem avec la suspension du QX80 lorsque vient le temps de remorquer, puisque celle-ci (en partenariat avec la transmission) peut remorquer 8,500 livres en même temps d’assumer une charge maximale de 1,450 livres, ou bien 10 adultes de 145 livres…

Assez pour soutenir la marque?

Malheureusement, rares sont les suspensions qui à elles seules puissent soutenir le poids de l’écroulement d’une marque. Le Infiniti QX80 se veut ainsi un formidable produit qui gagne à être connu et qui passe souvent sous le radar faute de porter une emblème de marque allemande, mais ce qui le rend spécial par rapport à la compétition se veut peut-être justement la raison pour laquelle les meubles semblent être difficiles à sauvés chez Infiniti.

L’archaïque motorisation, le style démesuré et le manque de peaufinage que l’on retrouve chez le QX80, eh bien on le retrouve partout ailleurs chez Infiniti. Heureusement pour le QX80, les inconvénients mentionnés peuvent pour certains s’avérer des éléments positifs, mais ce phénomène ne se retrouve pas dans le reste de la gamme et c’est en partie ici que le problème se situe. En général, le consommateur exige toujours un produit avant-garde sous tous les plans : on cherche le meilleur côté techno, style, environnemental ou bien rapport qualité/prix. Mais qui sait, peut-être qu’Infiniti à plus d’un tour dans son chapeau et saura se « revirer sur un 10 cennes » dans les prochaines années, maintenant que la voiture électrique semble de plus en plus être l’unique avenue qui pourra être empruntée.