Genesis GV80 2021: L’art de se distinguer

L’industrie automobile est composée en grande partie d’acteurs très conservateurs : changer une recette chez un constructeur automobile, c’est une chose qui ne se fait que très rarement. À vrai dire, si l’industrie automobile ne subit pas de pression externe comme c’est le cas avec l’électrification des transports, alors rares se feront les changements apportés que ce soit d’un point de vue mécanique ou stylistique. Les produits commercialisés par les manufacturiers ont un cycle de vie souvent très long, alors qu’on recycle des moteurs ici et là, qu’on améliore ladite motorisation au fil des ans sans jamais la changer, qu’on redessine quelques éléments esthétiques ou qu’on change quelque peu l’apparence d’un modèle selon le marché dans lequel on l’implante (e.g. Europe vs Amérique du Nord). Au final, par contre, c’est presque toujours du pareil au même.

Ainsi, lorsque des constructeurs s’aventurent en terrain plus risqué, on se retrouve plus souvent qu’autrement agréablement surpris. En faisant ainsi exception à la règle, Genesis met de l’avant des produits très audacieux comme notre essai de la semaine, le Genesis GV80 2021, et laissez-nous vous dire que ce VUS intermédiaire de luxe ne passe pas inaperçu.

Derrière le volant

Se situant tout au sommet de la ligne des VUS chez Genesis, le GV80 se veut, avec la berline pleine grandeur G90, le modèle porte-étendard de la marque. Notre modèle d’essai se voulait la version « Prestige » et était muni d’une motorisation à 6 cylindres turbocompressée de 3.5 litres qui développe plus de 375 chevaux et 391 livres de couples, le tout jumelé à une transmission automatique à 8 rapports et à un système 4 roues motrices. Bien franchement, la motorisation offerte de série, soit celle de 4 cylindres (2.5 litres) turbocompressée qui produit 300 chevaux, est amplement suffisante pour les besoins de tous. Ce que la mécanique de notre version à l’essai apporte, par contre, c’est une fluidité et une quiétude qu’il est difficile de retrouver avec la motorisation de 2.5 litres, et après tout, n’est-ce pas exactement cela que l’on recherche dans un bolide qui déborde d’opulence et de luxe : le calme et la sérénité? Qui plus est, la transmission automatique à 8 rapports est d’une efficacité renversante : les changements de vitesse sont pratiquement imperceptibles tout en demeurant rapides, bien que non constants, lorsque notre pied s’alourdit.

Simplement, la motorisation de 6 cylindres vous offre une expérience conduite, voire passagère, plus agréable que sa contrepartie de 4 cylindres. Elle est moins bruyante, moins capricieuse et quelque peu plus performante. Elle est donc plus représentative des autres aspects renversants du GV80, puisque ne détrompez-vous pas, rien de ce bolide n’est « ordinaire ».

L’histoire ne s’arrête cependant pas encore ici, puisque le groupe motopropulseur n’est pas l’unique raison pour laquelle la conduite de ce sublime VUS coréen est si intéressante. Effectivement, le travail que la suspension et la direction effectuent y joue pour gros. Bien que notre modèle d’essai fût muni de jantes d’une grandeur de 22 pouces, qui n’aidaient certainement pas au niveau de l’absorption des imperfections de la route, le confort qui résulte de la qualité des composantes mécaniques de la suspension est tout simplement époustouflant. La direction, quant à elle, n’a certainement pas pour but d’être d’une précision extrême ou de communiquer l’état de la chaussée. Plutôt, elle s’assure de vous faire oublier le poids de 4,938 livres en vous offrant une expérience mielleuse et délicate.

Ainsi, le verdict des capacités mécaniques et dynamiques de notre GV80 est sans surprise : on priorise d’abord le confort, puis on tâche de rendre l’expérience conduite quelque peu plus sportive lorsque le conducteur le demande. Au final, par contre, c’est le confort, la tranquillité et la constance que l’on priorise chez Genesis, alors qu’il est facile d’observer le contraire chez la compétition.

Look et habitacle

Si notre résumé de la conduite du GV80 ne vous a pas convaincu, soyez sans crainte puisque c’est ici que les choses se gâtent. Bien que la beauté d’une chose soit d’une subjectivité non discutable, certaines de ces choses semblent parfois échapper à cette vérité et comme vous l’aurez deviné, on s’avance en affirmant que le VUS intermédiaire de luxe de Genesis semble échapper à ce dire.

On ne se le cachera pas, le look extérieur semble tout droit calquer d’un Bentley Bentayga, mais comme le fameux dicton nous le démontre; « if you can’t beat them, join them ». C’est d’ailleurs pile-poil ce qui s’est passé ici, puisque le styliste en chef de Hyundai/Genesis, Sangyup Lee, était à l’époque à l’embauche du groupe Volkswagen, et donc en grande partie responsable du design chez Bentley. Ainsi, chapeau à Genesis de ne pas craindre d’emprunter des éléments stylistiques (ou des stylistes!) de marques établies depuis plus de 100 ans, puisqu’après tout, c’est nous, les consommateurs, qui en bénéficions.

Ceci dit, le look du GV80 est selon nous à couper le souffle : il fait tourner des têtes sans cesse, se distingue dans l’océan de VUS qui foule nos routes, s’apparente à une voiture qui pourrait coûter jusqu’à 4 fois le prix et fait réellement bonne allure indépendamment de sa spécification.

L’habitacle, par contre, est le réel point central du GV80. Aussitôt que l’on prend place à bord, on comprend où ont été dépensés les précieux dollars du budget mis en place afin de construire ce véhicule. Un cuir aux teintes prunes recouvre presque chaque recoin de l’habitacle, alors que le plafond et les piliers sont revêtus de suède très plaisant au toucher. Un écran tactile centrale de 14.5 pouces saute aux yeux, et le levier de vitesse en format roulette impressionne par son design à mi-chemin entre le contemporain et le baroque.

Les fonctionnalités techniques/technos sont quant à elles plus nombreuses que l’on peut les compter, mais quelques-unes ont su retenir notre attention. On parle tout d’abord du système d’aide à la conduite à la fine pointe de la technologie : régulateur de vitesse intelligent et contrôle autonome de la direction, ce système d’aide à la conduite est vraiment au sommet de son art. Un trajet Montréal-Ottawa effectué en empruntant l’autoroute 40 s’est avéré émerveillant, puisque sur une distance de près de 200 kilomètres, nous avons dû interagir avec le volant moins d’une dizaine de fois. Sinon, le système audio est d’une clarté et d’une puissance inégalée par rapport au prix de vente de notre véhicule. D’ailleurs, les 85,000$ demandés pour notre véhicule d’essai sont certes élevés, mais un véhicule semblablement équipé chez la compétition allemande se verrait afficher un prix de vente bien au-delà des 100,000$. Ici repose d’ailleurs le principal avantage concurrentiel de Genesis : le luxe et le prestige, mais à prix « abordable ».

Verdict final

Pas pour rien que le GV80 fût nommé VUS de l’année par l’AJAC pour l’année 2021. Ce bolide est un coup de circuit pour Genesis, qui tente de se défaire de son identité « Hyundai » afin de s’implanter comme joueur sérieux dans son marché respectif. Notre version à l’essai est la plus impressionnante des versions offertes, mais la version d’entrée de gamme qui se détaille 64,500$, soit 20,000$ (ou bien l’équivalent de 2 Chevrolet Spark flambant neuves!), est d’autant plus alléchante et mérite fortement d’être considérée. Un nouveau joueur est parmi nous, et ne vous attendez pas à le voir baisser les bras pour les années à venir.