Chroniques d'un passionné / Cadillac Escalade 2022: Pardonnez-moi si je n’ai dans les yeux Que l’Amérique

Cadillac Escalade 2022: Pardonnez-moi si je n’ai dans les yeux Que l’Amérique

L’arrivée de l’an 1970 marque beaucoup de choses pour les États-Unis. On termine une glorieuse époque de conquête spatiale, les Beatles cessent d’être laissant place aux Aerosmith, Eagles, Van Halen et autres groupe américains de ce monde, et le monde entier n’a d’yeux que pour les bagnoles américaines. Le capitalisme s’établit de jour en jour comme contrat sociétal dominant, alors que son combat définitif contre le communisme ne se manifestera pas avant encore quelques décennies. Ce Momentum est engendré par bien des choses, mais nul ne peut nier l’impact que l’industrie automobile a sur l’avancement sociétal et la perpétuation du American Dream.

Cadillac se veut d’ailleurs un joueur prédominant de l’industrie automobile aux États-Unis à cette époque. La très prisée Deville perd tranquillement en popularité, alors que des modèles comme l’Eldorado semble toujours avoir le vent dans les voiles : durant ces années, c’est 33% des ventes de véhicules de luxes aux États-Unis qui étaient attribuées à Cadillac. La radio à bande FM et AM est maintenant disponible dans certains de leurs modèles et l’un des premiers systèmes antivol est installé dans leurs bagnoles. Puis, l’arrivée des Européennes durant la fin des années 70 marqua le début de la fin pour la marque. La crise du pétrole des années 1970 accentua d’autant plus la lourde charge de posséder une voiture aux dimensions surréelles et aux engins qui consomment autant de carburant qu’un autobus. Aujourd’hui, les pendules semblent cependant se remettre à l’heure avec l’arrivée du nouveau Cadillac Escalade qui, rappelons-le, est le véhicule porte-étendard de la marque depuis plus de 20 ans.

Du moins, c’est définitivement la note sur laquelle nous laisse notre essai routier du nouveau Escalade. Offert depuis cette année, le tout nouveau Cadillac Escalade 2022 a bénéficié d’une métamorphose complète. En surface, on se dit que les gros changements sont d’un point de vue design, avec une nouvelle grille avant, un nouveau pare-chocs et de nouveaux phares avants, mais en regardant le tout de plus près, on se rend rapidement compte que la liste des changements ne fait que débuter là où on croit qu’elle termine.

Bon, d’un point de vue design extérieur, effectivement, il est difficile de trouver autre chose mis à part ce qui a été mentionné plus haut. De nouvelles jantes sont disponibles, des ensembles sports où on remplace les finis chromés par un noir lustré sont aussi disponibles, mais sinon, le look du nouveau Escalade est sensiblement pareille à celui de la génération précédente; surtout lorsqu’on regarde l’arrière du véhicule. Ce n’est cependant pas une mauvaise chose, puisque l’ancienne génération de l’Escalade n’avait rien à envier à la compétition en termes de look. On retrouve encore aujourd’hui l’élément « on-ne-sait-quoi » qui rend si imposant et intimidant ce VUS de luxe : certains diraient même que c’est cet élément qui forge le caractère de l’Escalade pratiquement à lui seul.

Là où les choses se gâtent, par contre, c’est dans l’habitacle du véhicule. Son abondance de technologie est très très bien accueillie. Bien qu’épatante, elle n’est aucunement intimidante ou intrusive. Son intégration et son exécution la rendent utile sans toutefois s’annoncer dérangeante ou distrayante. On expérimente toute cette belle technologie en grande partie grâce au nouvel écran tactile et courbé de 38 pouces. En fait, il s’agit de 3 écrans côte à côte dont la taille totale équivaut à 38 pouces, mais la prestance et l’exécution de ces écrans sont tout à fait au rendez-vous; tellement, qu’elle nous fait presque oublier qu’il s’agit en fait de plusieurs écrans, et non d’un seul gigantesque morceau de mince verre.

Réalité augmentée, vision nocturne ou carte de navigation complète, voilà toutes les formes que peut prendre le panneau d’instrumentation, en plus, naturellement, du classique affichage de l’odomètre et régime moteur. Bien franchement, la versatilité que possède cette planche d’instrumentation mérite d’être soulevée. Comme vous le savez sûrement, Cadillac mise gros sur la technologie ces temps-ci. En fait, c’est General Motors au grand complet qui se lance d’emblée dans une nouvelle ère où règne cette dernière. Voitures électriques, voitures autonomes et mobilité durable sont toutes au rendez-vous, et c’est tant mieux.

Sinon, d’un point de vue technique, c’est la motorisation qui retient l’attention lors de notre semaine d’essai. Faute d’offrir une version hybride ou électrique, Cadillac tâche tout de même de réduire vos dépenses à la pompe. Une motorisation à 6 cylindres de 3.0 litres au diesel est ainsi disponible sans frais supplémentaires. Elle développe d’ailleurs le même couple que le V8 de 6.2 litres que l’on retrouve traditionnellement dans l’Escalade (460 livres de couple), alors que la puissance de cette motorisation est de 277 chevaux; pas mal moins que les 420 offerts par le V8. Malgré cela, les deux motorisations sont capables de remorquer pas mal la même charge, soit 7,800 livres pour le diesel et 8,000 livres pour le moteur à essence. Avec des performances tellement similaires, difficile de voir pourquoi on opterait pour la version à essence, dont la consommation d’essence avoisine les 15 litres par 100km. La version diesel, quant à elle, c’est un 8.7 litres qui peut être observé sur l’autoroute! Pour un véhicule qui pèse 6,500 livres! Vraiment, le mastodonte à 8 passagers à l’essai semble beaucoup mieux desservi par une motorisation diesel, en plus d’être de toute évidence plus raffiné et beaucoup moins in your face. Ici, le seul hic est la potentielle fiabilité de ce moteur. Tout nouveau, seule l’épreuve du temps pourra nous informer sur sa constance et sa fidélité.

Tout ce mix de luxe, de technologie et d’améliorations mécaniques ne fait que rendre l’Escalade encore plus désirable que par le passé. On lui reprochait jadis d’en offrir trop peu d’un point de vue techno, voire même d’un point de vue luxe et qualité d’assemblage : Cadillac se fiait plutôt sur l’image et la réputation de l’Escalade pour garder des chiffres de ventes intéressants. Aujourd’hui, c’est totalement l’inverse. On mise fort sur les éléments intrinsèques de l’Escalade pour renchérir son image de marque déjà forte et pour en vendre d’autant plus. Fini les compromis chez Cadillac!

Ainsi, avec cette nouvelle génération, on sent réellement que l’engouement pour la marque gagne du terrain. Certes, ce n’est toujours pas le Cadillac que l’on connaissait dans les années 60, mais il y a une certaine chimie dans l’atmosphère qui dégage un petit quelque chose. Pas très précis, je sais; allez donc écouter la chanson intitulée l’Amérique, de Joe Dassin – c’est ça que l’on ressent, à bord de l’Escalade.