Buick Enclave 2023 : L’American Dream est-il vraiment disparu?

La définition de l’American Dream évolue certainement dans le temps, mais à une certaine époque, sa caractérisation était bien simple : les structures sociales et économiques étaient mises en place de manière à ce qu’un père de famille puisse subvenir aux besoins de ses enfants et de sa femme (au foyer), tout en étant capable de vivre dans une demeure convenable et en conduisant une voiture qui fait tourner les têtes. Si cette réalité semble bien loin de celle à laquelle fait face la classe moyenne nord-américaine d’aujourd’hui, qu’en est-il des voitures qui sont conduites par les gens de cette strate sociale? Brièvement, l’Enclave ne fait pas partie celles-ci, même s’il le devrait.

61 821$ : le prix moyen d’un véhicule neuf au Canada

Selon le plus récent rapport publier par Autotrader.ca, le prix moyen d’un véhicule neuf au Canada a atteint 61 821$. Sans taxes ni intérêts, cela représente un paiement mensuel d’environ 1 000$ pour une période de cinq ans… Selon moi, il faut être fou pour débourser un tel montant pour une voiture, mais de toute évidence, la classe moyenne canadienne est d’avis contraire. Cela dit, quels sont les véhicules les plus populaires au pays, soient ceux qui sont conduits par « pas mal tout le monde »?

Sans surprise, les Honda Civic et Ford F-150 trônent au sommet, bien que les VUS représentent la plus grosse part de marché au pays, avec 49% des ventes totales de véhicules neufs. Puis, le prix moyen d’un VUS neuf au pays est quelque peu en deçà de la moyenne nationale, alors que 58 182$ sont en moyenne nécessaires afin de mettre la main sur un VUS neuf. Le Buick Enclave se transige pour sa part pour 54 247$, soit près de 4 000$ de moins que la moyenne nationale.

En d’autres mots, l’Enclave se situe pile-poile dans la moyenne nationale, mais les ventes du modèle ne se chiffrent qu’à 1 775 exemplaires pour l’année 2022. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cela, et surtout, est-ce que ce chiffre est justifié?

La fin de notre introduction se voulait assez révélatrice : non, les chiffres de vente ne devraient pas être aussi bas pour ce Buick Enclave. La version mise à l’essai, nommée Avenir, est d’un charme et d’une simplicité comme on n’en voit plus dans l’industrie.

On retrouve tout d’abord sous le capot un V6 atmosphérique de 3,6 litres qui, selon certains, est trop énergivore et archaïque, mais qui pour d’autres, comme moi, est simple, fonctionnel et surtout, fiable. Pas d’histoire de câble d’alimentation du système hybride défectueux ou encore de contamination d’huile du turbocompresseur : on nous offre un moteur qui a fait ses preuves et qui ne vous causera pas d’ennui, en plus d’être peu couteux en réparations si des pépins viennent à faire surface.

Puis, la belle histoire se poursuit avec la transmission automatique à neuf rapports : pas de CVT trop complexes ou de système à hybridation légère actif à basse vitesse, simplement une transmission automatique comme on sait si bien les faires. Le mariage moteur/transmission est idéal, alors que les 310 chevaux et 266 livres-pieds de couple en offrent amplement pour le commun des mortels, en plus d’offrir une consommation de carburant très respectable considérant la taille et le poids de l’Enclave (11,8 L/100km).

Confort et habitacle

À l’intérieur, il serait faux de prétendre que la technologie est des plus impressionnantes. Si l’Enclave est à Buick ce qu’est l’Escalade à Cadillac, l’équipe derrière l’Enclave a de tout évidence oubliée de jeter un coup d’œil à ce que font leurs confrères chez Cadillac.

L’écran central de huit pouces de taille est arriéré en comparaison à ce qui est offert ailleurs chez General Motors : idem pour le panneau d’instrumentation qui offre une expérience mi-techno/mi-classique avec son petit écran et ses cadrans traditionnels. Puis, bien que je ne sois personnellement pas le plus grand fervent de ces technologies, l’absence de Super Cruise dans le modèle le plus onéreux de la marque Buick se fait remarquer, alors que les systèmes d’aide à la conduite que l’on retrouve à bord ne font qu’acte de présence.

Cela dit, l’habitacle comporte tout de même quelques attributs notables, alors que la déclinaison Avenir vient vraiment habiller ce dernier. On retrouve des sièges en cuir perforé, des sièges avant ventilés, un toit ouvrant panoramique ou encore un système de son Bose à 10 haut-parleurs. Le confort à bord est très notable, en grande partie grâce aux matériaux de luxe qui sont utilisés pour revête l’habitacle, mais aussi grâce à la suspension qui effectue un excellent travail en absorbant la plupart des imperfections de la route avec brio.

Au final, L’Enclave ne rivalise pas avec ses compétiteurs d’un point de vue techno ou sophistication, mais il propose une recette traditionnelle qui se fait aujourd’hui rare. On peut lui attribuer le fait d’être fiable et efficace, doux et confortable, stylisé et quelque peu raffiné, en plus de pouvoir loger toute la famille dans l’habitacle à un prix modique, si on se fie au prix moyen des VUS neufs au Canada…

Rares se font probablement les personnes qui rêvent de ce bolide, mais bien des gens oublient que l’American Dream est toujours là dans l’industrie automobile : suffit de jeter un coup d’œil aux véhicules souvent oubliés.