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Fossmobile : une voiture québécoise de 125 ans revoit le jour

Une partie de notre histoire trop souvent oubliée revient à l’avant-plan en 2022. En effet, il s’agit du 125e anniversaire de la création de la première automobile canadienne – et québécoise – avec moteur à combustion interne à essence, la Fossmobile.

Le nom ne vous dit rien? Eh bien, laissez-nous vous parler de cette voiture éphémère qui trouve le moyen de revivre grâce aux nombreuses démarches et à la détermination du petit-fils de l’inventeur.

Naissance à Sherbrooke

Déçu par l’autonomie d’une voiture électrique qu’il avait essayée à Boston lors d’un voyage en 1896, le Sherbrookois George Foote Foss est retourné dans son atelier où il réparait notamment des vélos afin d’entreprendre la conception d’une automobile dotée d’un moteur à combustion.

C’est ainsi qu’est née la Fossmobile, dont le « puissant » monocylindre ne développait pas plus de quatre chevaux. Un seul exemplaire a été construit, car Foss ne croyait pas en une production de masse et ne désirait pas s’endetter. Croyez-le ou non, il a même refusé une offre de partenariat venant de nul autre que Henry Ford. Quelle erreur avec du recul!

Foss a conduit sa voiture pendant quatre ans et l’a vendue en 1902 après son déménagement à Montréal pour la modique somme de 75 $. Personne n’a jamais retrouvé sa trace par la suite, pas même le petit-fils de George Foss, Ron, qui a effectué d’intenses recherches à travers le continent. En 2019, ce dernier a eu l’idée de la recréer pour lui rendre hommage à sa façon.

Une réplique moderne hautement fidèle

Le défi était de taille! Comme il n’existe pas de dessins ou de plans originaux, la réplique repose essentiellement sur un examen minutieux des photos de la Fossmobile, en collaboration avec des historiens et des experts de l’automobile.

Ron Foss a également utilisé comme modèle un exemplaire d’une Crestmobile 1901 déniché à Boston et qui pourrait avoir été inspiré de la Fossmobile. Bien sûr, il a tout fait pour mettre la main sur des pièces de l’époque – dont le moteur, la carrosserie en bois, le châssis et les roues – au lieu de chercher à les reproduire. Une des principales difficultés s’est avérée la barre de la voiture, une pièce mécanique complexe qui servait entre autres à contrôler la direction, l’accélération et l’allumage du moteur.

Pour la construction, une aide précieuse est venue de la Legendary Motorcar Company Limited de Halton Hills, en Ontario, qui compte une équipe d’artisans professionnels dédiés à la restauration des voitures anciennes et classiques. Canadian Wood Craftsman de Chatsworth s’est chargée de la restauration de la caisse en bois et e la fabrication sur mesure du siège de la fin des années 1890. Pour compléter le look de vieux buggy, les coussins du siège ont été fabriqués à la main par Custom Touch Upholstery de Burlington.

La remise à neuf des roues et l’acquisition de pneus d’époque ont été l’affaire de Wolfe Worx située à London, tandis que les nouvelles suspensions à ressorts à lames elliptiques ont été confiées à Dendoff Springs Limited de Surrey, en Colombie-Britannique.

Un héritage qui perdure

C’est le 27 avril dernier que la réplique (non fonctionnelle) de la Fossmobile a été dévoilée officiellement. Le projet aura coûté 75 000 $ environ, dont une bonne partie provient de dons du public et de commandites privées.

Les Québécois pourront l’admirer en personne au Marché de la gare de Sherbrooke, dans le cadre de l’événement L’histoire fait son marché, du 19 au 21 août. Dommage, aucun établissement local ne pouvait l’accueillir de façon permanente. C’est donc le Musée canadien de l’automobile à Oshawa qui en héritera cet automne, mais son directeur promet de la sortir pour différents événements spéciaux dans le futur, question que tous les Canadiens aient la chance de (re)découvrir la Fossomobile.